Sacrée Marie !
Certains matins, juste avant le réveil de son fils, Marie s'accroupissait au bord du lit, et passait la main dans ses cheveux, si doux, si noirs, indiens, c'était une sorte de pèlerinage sur les lieux de son tout premier baiser de mère. Elle sentait alors son corps se figer dans l'empreinte de l'amour perdu, ce creux un peu froid qu'avait laissé en l'abandonnant l'instinct animal, la tendresse évidente, absolue, de la louve pour son petit. Durant ces quelques secondes, Marie imaginait que son enfant était né autre, pas ce Victor qui se lèverait bientôt d'un bond, en disant un « bonjour » sec, sans baiser ni câlin, mais un qui l'aurait aimée, avec qui elle aurait fait des puzzles, des gâteaux, des courses dans le jardin...
Marie a tout pour être heureuse : un mari médecin, une jolie maison, des amies, deux enfants... Le tableau est idyllique, mais les apparences sont parfois trompeuses. Son mari la croit stupide, l'exploite et la méprise. Marie a toujours pensé que les enfants seraient le point d'orgue de son épanouissement personnel : elle constate que la réalité est bien loin de ses rêves. Déçue par le couple et par la maternité, Marie doit réagir. Dans une prise de conscience radicale, celle que tout le monde considère comme une idiote va forcer son destin, s'émanciper et prendre sa revanche...