Sade et le Zen
Comment ne pas s'amuser du fait que nous sommes également
incapables de contrôler nos pensées, nos fantasmes, ou
nos passions, puisque ces affects et ces pensées ne nous
appartiennent pas, qu'ils sont en fait des illusions et qu'ils
appartiennent à cet autre qu'est la Nature ?... Non pas qu'il
faille nier qu'une certaine réalité existe, mais peut-être n'est-
elle pas ce que nous la supposons. Pour Sade et pour le Zen,
en tout cas, toute réalité n'est que conscience d'être, d'un
seul moment dans la série infinie des moments, et cette
conscience-là est source de connaissance, de plaisir, et de
joie. Le Bouddha bedonnant qui rit aux éclats en se tapant
sur le ventre et le divin marquis qui veut qu'on s'amuse de
tout ont peut-être davantage en commun qu'on ne le suppose
ordinairement.