Saïd Ali Coubèche né à Djibouti en 1917 appartient à la génération des nationalistes de l'après-guerre. Issu de l'immigration yéménite, il incarne l'émergence d'une élite urbaine entreprenante qui anime la cité-État. L'homme a montré, envers et contre tout, qu'il est djiboutien et qu'il avait à coeur de participer au développement de la société à laquelle il appartient. Contribuer à transformer son pays n'est pas chose facile, car on peut hésiter et varier sur les moyens à utiliser. D'ailleurs, les choix de Saïd ont évolué dans un contexte lui-même mouvant : ils sont d'abord politiques (1945-1958), puis, en tirant les leçons de ses expériences, essentiellement économiques. A la tête de la Chambre de commerce qu'il préside sans discontinuité de 1957 à 2003, cet opérateur défend le secteur privé et l'économie libérale.
L'histoire de la République de Djibouti s'enrichit par la mémoire du vécu humain, parfois occulté au profit d'une trame événementielle. Or, l'indépendance n'a pu s'imposer que par la sensibilisation et l'action des Djiboutiens eux-mêmes, à tous les niveaux et sur plusieurs décennies. Ainsi la trajectoire de Saïd Ali Coubèche, guidée par sa passion d'entreprendre qu'il décline en plusieurs registres, s'inscrit dans le XXe siècle djiboutien. Le parrain du Franc de Djibouti n'a pas besoin de recourir à la fiction : la sobre mémoire de ses combats pour Djibouti suffit. Son témoignage, qui relie le présent à ses racines historiques et culturelles, offre sur un passé encore proche de multiples aperçus, soustrayant de l'oubli des informations riches et inédites.