Saint Grégoire le Grand
Culture et expérience chrétiennes
« À l'un des membres de mon jury de thèse qui me demandait, en 1975, ce que j'avais appris de mes recherches sur Grégoire le Grand et son oeuvre, j'avais répondu sans hésiter : "L'espérance chrétienne en des temps d'épreuves". En 2014, alors que j'exerce mon ministère d'évêque depuis vingt-sept ans, je n'ai pas changé d'avis. Cet homme nommé Grégoire m'apparaît comme un grand témoin du travail inlassable de Dieu au milieu des bouleversements de l'histoire.
Ce moine devenu diacre, puis évêque de Rome en 590, n'a pas cessé de méditer la Parole de Dieu, et en particulier le Livre de Job, ce païen de l'Ancien Testament, pour comprendre comment s'accomplit le cheminement des hommes vers le Dieu vivant. Ce mystique est aussi un éducateur : il ne renonce jamais à guider le peuple des croyants, à soutenir la foi des faibles et à annoncer l'Évangile aux peuples nouveaux qui constituent l'Europe du haut Moyen Âge.
Grégoire a mérité son nom de veilleur : il regarde au loin, il ressemble à ces prophètes de l'Ancien Testament, Ézéchiel ou
Jérémie, qu'il aimait commenter, ces hommes effrayés comme lui par les violences que subissent leurs peuples, vaincus à vue humaine par des pesanteurs historiques plus fortes qu'eux, mais jamais las d'ouvrir
des chemins de foi et d'espérance, parfois contre toute espérance. »