Dympna est une princesse irlandaise du VIIe siècle désirée par son
père dès la mort prématurée de sa mère. Refusant la fatalité à laquelle
son père l'astreint, elle s'enfuit à Geel dans la région d'Anvers, où les
séides paternels finirent par la retrouver. Décapitée par son père suite
à sa résistance réitérée, le lieu de son supplice devint, bien
ultérieurement, un centre d'accueil des insensés qui bénéficia d'une
renommée universelle au XIXe siècle, époque où le mode de
traitement des aliénés est au centre de nombreux essais théoriques et
pratiques.
Cette généalogie renouvelée de l'inceste comprend une traduction
critique de la légende latine médiévale, une étude des sources
bibliques de cette légende concernant la compréhension profonde des
différents types d'inceste, une analyse de connotations irlandaises - le
motif de l'inceste joue un rôle appuyé dans l'hagiographie insulaire-,
ainsi qu'une approche de son influence sur le recueil des "Innocents".
Impact touchant les institutions hospitalières religieuses et civiles
jusqu'à la révolution française qui bouleversa, et en profondeur, la
séculaire tradition d'accueil des malades mentaux, mais sans
l'interrompre. Suit une étude de la réalité sociale actuelle du
placement familial à Geel, ainsi qu'une réflexion plus générale sur les
avantages et les nuisances du placement familial des personnes
perturbées, et sur l'essence de la famille comme instance critique de
la dérégulation mondialisante ou individualiste réactive, autant que de
la tyrannie médicale et du dirigisme politique, comme forme
indépassable du "chez soi".