Samuel
Raffi, le « Victor Hugo arménien », légua au crépuscule de sa vie son chef-d'oeuvre et son testament, Samuel. Jamais il n'a autant maîtrisé un style si particulier : une symphonie chatoyante de romantisme et d'exotisme oriental soutenue par des accents virils et imprévisibles, organisée selon un composition rigoureuse.
Ce trésor de la littérature mondiale devait être sauvé de l'oubli. C'est chose faite avec cette deuxième édition complète qui succède à celle de... 1924.
Samuel est un prince jeune, beau, courageux et bon mais c'est aussi un idéaliste, sensible et tourmenté. Il organise la résistance pour sauver l'Arménie, héritière de très anciennes traditions païennes mais aussi des apports des Perses, des Grecs, des Romains, de la Chine, d'Israël et des Indes, qui vient d'épouser la foi chrétienne au début du IVe siècle. La puissante Perse adoratrice fanatique du Feu lui livre une guerre sans merci, jalonnée d'holocaustes.
A travers Samuel, Raffi, parvient non seulement à jeter les bases de l'Histoire et à poser les questions essentielles, mais il réussit aussi à prophétiser les guerres apocalyptiques du XXe siècle. Les Arméniens y payeront un terrible tribut.
La Turquie dirigée par les aventuristes du mouvement Jeunes-Turcs expérimentera en effet sur eux une nouvelle arme absolue : le génocide.
L'esprit de Samuel souffla et l'Arménie survécut.
[Raffi] fut qualifié de « Victor Hugo arménien », et l'on comprend pourquoi à la lecture de ce Samuel considéré comme son maître livre.
Livres Hebdo, Laurent Lemire