Sanctorum communio
Dans cet ouvrage d'abord présenté comme thèse de doctorat en 1927, à l'âge de 21 ans seulement, Dietrich Bonhoeffer propose une réflexion théologique sur l'Église comme « communauté » (Gemeinde), comme groupe social convoqué par la parole de Dieu.
En dialogue fécond et critique avec divers travaux sociologiques de son temps (notamment Ernst Troeltsch), Bonhoeffer refonde la notion de « personne » afin de dépasser une conception abstraite de l'histoire et de la réalité concrète : le « je » individuel ou collectif est toujours confronté à un « tu » qui le sollicite et qui le constitue. Là où le protestantisme conçoit parfois la communauté ecclésiale comme facultative, Bonhoeffer présente cette dernière comme « le Christ existant comme communauté », comme lieu par excellence de la présence du Christ et de l'Esprit dans le monde. Karl Barth parlait à juste titre de cet ouvrage comme d'une « surprise théologique » (theologische Überraschung), tant la maturité de l'auteur saute aux yeux. Bonhoeffer s'est appuyé sa vie durant sur les intuitions qu'il articulait dans cette première monographie.