Pourquoi Sans protocole ?
Parce que les textes lus ici - pris chez Apollinaire, Segalen, Max Jacob,
Michaux - ont abandonné l'ancien jeu des vers, au profit soit du poème
en prose, soit d'une superposition de codes génériques hétérogènes, soit
d'une élasticité rythmique qui explore un «entre-deux entre le vers et la
prose» (Péguy).
Parce qu'il s'agit de textes qui, à des degrés divers, revendiquent
l'esprit, la fantaisie, l'humour, et même le comique, comme des ingrédients
essentiels à la poésie.
Parce que ces univers sont abordés sans suivre de système, mais selon
une «lecture-écriture» qui parfois prend ses risques.
Parce que le mot d'Aragon, qui faisait du poème en prose un art du «désappointement
voulu», on est tenté de l'appliquer à toute analyse critique
de la poésie - laquelle pour finir destituerait le lecteur savant, ou trop
soucieux de savoir, et demanderait qu'on en revienne à elle, sans protocole ?