Sans un regard
José va, regarde fixement le soleil, et pense. Pense à sa femme, et à ce que le diable lui dit d'elle dans la taverne. Il pense aussi au jour où les cigales se tairont dans la plaine et où les chênes-lièges et les oliviers deviendront pierre. De tant penser et sentir, il mourra peut-être...
Trente ans plus tard, José, fils de José, regarde fixement le soleil et pense. Pense à la femme de Salomão son cousin, et à ce que le diable raconte sur eux deux à Salomão, dans la taverne. Il pense à l'instant où plus rien ne subsistera, pas même le silence que font les choses en nous observant.
Dans une campagne âpre et belle, une campagne hors du temps où le fantastique se mêle au quotidien, un choeur de voix d'hommes aux noms bibliques et de femmes dénuées de nom nous parle de la peine et de la solitude, de l'immense solitude dans un monde d'où Dieu semble s'être retiré.
Sans un regard est l'émergence d'une voix complètement nouvelle dans le panorama de la littérature portugaise d'aujourd'hui.
« Deux lignes suffisent, et nous voilà plongés au coeur d'un nouveau continent, d'une terre inviolée dans l'espace littéraire... dans le tourbillon incontrôlable des êtres, des mots et des signes, des paysages et des situations, dans une sublime intrigue dont le lecteur ne peut s'échapper. La grande force de ce livre étonnant réside dans l'art avec lequel José Luis Peixoto narre ces histoires repliées sur leur propre démence, et dans ce rayon de lumière à la pureté parfaite dont il use pour les assembler et les sauver de l'oubli. » (Eduardo Prado Coelho)