Sarmatie
Qu'est-ce qui explique l'enthousiasme qui a accueilli la sortie de « Sarmatie », le recueil de poèmes d'Auli Särkiö, et la fascination qui s'en dégage ? - Sans doute l'empreinte poétique et l'écho du « Kalevala » dans la traduction de Rebourcet,
l'homme qui a su nous transmettre la « Geste des Anciens Finnois » et la magnifier en langue française - L'enchantement lointain du « kantélé », ce psaltérion que le « Kalevala » dit fabriqué à partir des os d'un brochet géant échoué au fond de la Baltique - Plus sûrement, les raffinements de la nostalgie rhénane, métabolisés par la poétesse lors d'une enfance passée à Heidelberg mais également les frissons sensuels du français et de sa sobre élégance ; une fascination pour les Princes-Faucon de l'Ancienne Pologne et, sans doute, par porosité linguistique, l'ontologie du Finnois, cette langue agglutinante où tous les ordonnancements sont possibles dans la phrase et où l'on peut jouer avec le suspens du sens... - Le tout présenté de façon que les ellipses, les syncopes, les inversions, les absences dictent à l'âme du lecteur une danse rituelle en l'honneur du Sampo, le Graal des hyperboréens, éclat de l'harmonie divine laissée en héritage aux humains, dans un environnement forcément cruel...
Mario Morisi