C'est loin, vu d'ici, la Corée.
Il ne portait sur lui qu'un petit pantalon de toile
Des chaussons de caoutchouc vert et blanc
Un bracelet de plastique scellé où quelqu'un avait écrit son nom et l'adresse d'une famille dont il ne savait rien.
Il n'avait dans ses poches ni miettes ni cailloux,
Rien qui lui permette de retrouver son chemin.
Veronika Mabardi suit les traces que son frère a laissées, comme on suit une piste. Elle remonte le chemin vers la fratrie, les jeux, les solidarités de l'enfance. Les liens indéfectibles avec les amis. Les premiers choix et les premiers doutes. Les parents, leurs valeurs, leurs combats. Les assignations d'identité, les dénis, les injonctions à saisir sa chance, à se comporter normalement. Et le chaos qui s'installe dans la vie de ce frère qui a ébranlé ses certitudes. Qu'est-ce qui n'a pas été dit, pas même pensé ?
Sauvage est celui qui se sauve est le livre qui n'aurait jamais dû être écrit. Veronika Mabardi y dresse la cartographie de cette rencontre improbable au sein d'une famille métisse et rend hommage à cet homme, ce frère, altiste en devenir, champion de la disparition, qui dansait sur les limites.