Sauver la communication
La seule vraie révolution de ces 50 dernières années est celle de la communication. Plus de messages, plus de diffuseurs, plus de récepteurs. Plus vite, plus loin... Nous sommes les acteurs de ce bouleversement. La communication est omniprésente et de plus en plus inséparable des techniques.
Surpuissante communication ? Pas si sûr... Hier, alors que les techniques étaient encore balbutiantes, la communication brillait du même éclat que la liberté, l'égalité ou la fraternité au fronton des valeurs démocratiques. Aujourd'hui triomphante, elle s'est banalisée, et hésite entre une idéologie faussement consensuelle et une caricature féroce de la modernité. Pourtant, personne ne peut s'en passer.
Il faut sortir la communication du leurre de la surpuissance. Rappeler, modestement et obstinément, sa dimension humaniste. L'avenir de la communication n'est pas dans le triomphe des techniques et des marchés, mais dans le risque de la rencontre et de l'incompréhension. Communiquer, c'est accepter la cohabitation avec l'autre, le pari de l'échange, l'épreuve de l'incommunication. Pour éviter que le village global devienne une immense tour de Babel, il faut apprendre à cohabiter. Et sauver la communication, cet idéal humaniste qui est aussi l'un des grands enjeux de la paix ou de la guerre au XXIe siècle.