Frauenstadt fut le principal disciple de Schopenhauer, non pas le plus orthodoxe, si ce mot peut être employé ici, car il eut souvent son opinion à lui, mais assurément le plus actif et celui qui fit le plus pour la propagation de la doctrine. Comme beaucoup de ses contemporains, il n'arriva à Schopenhauer qu'en passant par Schelling et Hegel.
Il était né en 1813, dans un village de la Pologne prussienne. Il étudia d'abord la théologie à l'université de Berlin, puis il s’inclina peu à peu vers la critique philosophique. Il terminait son stage universitaire, quand la question du Rapport de la psychologie à la métaphysique fut mise au concours. Il fit aussitôt quelques recherches préparatoires, mais fut tout étonné, dit-il, de trouver moins de lumières chez les maîtres du jour que dans un ouvrage de Schopenhauer qui avait paru depuis une vingtaine d'années, et dont on ne lui avait jamais parlé, c'était le Monde comme volonté et comme représentation. Un recueil d'Études et Critiques, qu'il publia en 1840, et un article de l'année suivante, marquent son évolution définitive. Il disait dans cet article « C'est le sort des penseurs désintéressés, qui cherchent la vérité loin du bruit et de la foule, d'être ignorés de leurs contemporains. N'est-ce pas ce qui arrive au profond et génial Schopenhauer, dont la doctrine pourrait être, pour maintes philosophes de profession, une lumière devant laquelle pâlirait sa propre sagesse? »...