L’étude des rapports entre sciences sociales et développement est un sujet d’intérêt croissant dans les travaux d’analyse sur l’aide. Le domaine reste cependant relativement sous-étudié, tant pour ce qui tient à l’observation des usages des savoirs confirmés que pour ce qui concerne la production stratégique d’ignorance, définie comme volonté maintenue de ne pas savoir dans des contextes où la pratique nécessite, pour être poursuivie, et comme l’a noté à plusieurs reprises Pierre Bourdieu pour d’autres terrains, un certain aveuglement à soi-même et aux autres. Si en anglais, la situation est un peu moins lacunaire, en français, on reste tributaire d’analyses éparses, construites sur la base de problématiques qui ne traitent pas principalement des rapports entre connaissance et système d’aide. L’ambition du présent Cahier est de remédier au moins partiellement à cette situation en offrant à quelques auteurs une occasion de présenter une réflexion structurée autour de cette thématique.