Depuis plusieurs années, un duo d'artistes - L'épongistes - produit par le
biais de la photographie ce qu'il appelle des «sculptures trouvées» : des objets
de rencontre - heurts heureux du quotidien ou inventions du regard - sont
prélevés par l'objectif et, de la sorte, révélés ou élevés au rang d'oeuvres.
L'objet de ce livre est d'analyser cette forme inédite d'art public dont la pratique
trouve ses racines dans l'art moderne, comme dans une certaine
approche politique du réel et de l'art.
Les textes rassemblés ici par L'épongistes témoignent tout d'abord de la
démarche de ces inventeurs de «sculptures trouvées». Leurs concepteurs, Jean-François
Robic et Germain Roesz, dénouent ici les divers maillages qui articulent
le geste de leurs «trouvailles». Ils en déploient les dimensions historiques,
esthétiques ou poétiques, et témoignent de son inscription au coeur des
problématiques les plus aiguës de l'art contemporain. Confrontant leur attitude
aux postures des Nouveaux Réalistes, de Kaprow, de Heizer, de Cadere,
ou de Beuys, ils interrogent de manière originale la question de l'art public
comme celle des rapports de l'art à la vie et au réel.
Deux autres contributions, formant encadrement, ont ensuite été sollicitées
pour situer ce que cette notion de sculpture trouvée pouvait avoir de relatif et
de singulier au regard de champs connexes à la pratique artistique.
Une préface de Michel Demange s'est ainsi attachée à dégager diverses hypothèses
touchant aux origines potentielles des images et sculptures trouvées
(mythes de la création, ready-made, aura de la photographie...). D'autres
horizons théoriques (le transcendantal, la question de l'art, la place de l'oeuvre
dans la cité...) sont enfin mis en perspective par Daniel Payot dans un débat
contradictoire et conduit sur un mode socratique.