Laurent Bonnet nous transporte avec passion dans sa ville d'hier et d'aujourd'hui, ainsi que son canton (Fouras, l'île d'Aix, Saint-Laurent-de-la-Prée...). Aux cartes postales d'il y a un siècle, les photos qu'il a prises, aux mêmes endroits, résonnent comme autant de lieux familiers et pourtant si différents : à Fouras, les chaloupes des pêcheurs ont laissé la place aux bateaux de plaisance, tandis que les plagistes portent des tenues fortement écourtées ; à l'île d'Aix, aux militaires se sont substitués les estivants ; en campagne, les attelages ont disparu, mais les petites églises et leur place sont immuables...
Miraculeusement préservé, le pont transbordeur, érigé en 1900 par Ferdinand Arnodin, ne voit plus passer sous sa structure métallique qui enjambe la Charente, de frêles gabares ou d'imposants cuirassés, mais des cargos de haute mer. Dans les rues en damiers de Rochefort, sous les palmes ombreuses des palmiers qui fleurent bon l'exotisme, les passants et passantes n'ont plus ni canotiers ni ombrelles et ne « sirotent » plus de l'absinthe, cette « fée verte », au Café de la Paix.
Cependant, des fragments du passé subsistent, ils interpellent l'auteur : « Les traces de la mémoire ont parfois la couleur d'une enseigne partiellement effacée sur un mur, la forme d'un élément architectural, d'un balcon écaillé à la structure préservée depuis un siècle, d'une échauguette mutilée de son rempart... Autant d'éléments qui produisent d'autres histoires ou parfois disparaissent. En fait, à travers cette fuite du temps, c'est tout un monde si proche et si éloigné qui m'interpelle sur les métamorphoses de Rochefort, ma ville, et son canton ».