Séceph l'Hispéen reprend le récit biblique de Joseph jeté par ses frères
dans un puits et finissant ses jours en Égypte ; il y adjoint d'autres figures
mythiques.
Écrire une épopée pour notre temps ? Tentative insensée si elle n'était
réfléchie. Que faire, ainsi, de l'écriture épique, liée au récit d'une histoire,
là où la poésie moderne, depuis plus d'un siècle, en a fini avec la
narration ?
Séceph quitte son royaume, après avoir arrêté une invasion. Trahi, il
navigue, s'enlise dans la vase d'une cité portuaire, est jeté en prison. Il
rejoint des esclaves qui moulent du grain, fait le rêve d'une tour salvatrice,
s'enfuit, se terre, est traduit en justice, se meurt dans un lazaret, puis
accompagne un peuple en exil, longe un fleuve bordé de vieux monuments,
s'allie à des guerriers devant investir Hispe-la-Grande qui, de fait,
s'effondre. Récit que le poème inscrit dans un arrière-plan mythique.
Notre siècle s'y mirera.
Guy R. Vincent mène son projet d'une plume qui, par l'épos qu'elle
cerne, articule une geste étonnante par le souffle et l'inspiration dont elle
se nourrit et qu'elle restitue avec une probité autant poétique qu'intellectuelle.