«Don flâne sur la plage, un sweat-shirt vert et moite
relevé sur le torse, le corps ruisselant d'huile solaire,
l'esprit à un McDonald's. Aujourd'hui, il a sauté
à la corde pendant trois heures, et a couru un trois
mille mètres. Demain, il sautera à la corde pendant
trois heures, et fera cent longueurs de bassin. Il boira
quelques bières et regardera de vieux films à la télé.
Il dormira comme une brute. Il dira "Hi" et "Wow"
un bon nombre de fois. Pendant qu'il sera mollement
étendu sur le bord de la piscine, la chaleur torride
de Palm Beach, lui décolorant les cheveux, leur donnera
de pâles reflets blonds à la Hockney, et il n'aura pas
une seule idée en tête.»
Publié en 1979, depuis longtemps introuvable,
Second manifeste camp se présente comme un traité
chic, savant et désinvolte, s'amusant avec sérieux à saisir
l'esprit d'un moment - les insouciantes années 70 -
en cernant les contours d'un terme anglo-saxon, auquel
Susan Sontag avait consacré un premier essai.
Le camp... manière de dandysme postmoderne, tiraillé
entre culture élitiste et mauvais goût assumé,
ni mondain, ni snob, ni kitsch, et tout cela à la fois.
Cela donne un Manifeste devenu livre culte,
sous la double et paradoxale invocation
d'Andy Warhol et de Roland Barthes.