Entre la remise en question de l’intellectuel, qui n’aurait plus de rôle dans la société contemporaine, et de la négligence du texte malrucien, devenu supposément illisible parce qu’il soutient des thèses, S’engager : L’intellectuel dans l’œuvre d’André Malraux s’approprie et relaie un admirable modèle : celui du texte politique et de l’intellectuel engagé. Avec Malraux, ce livre veut penser les rapports entre action, réflexion et création. Par une analyse des romans L’Espoir (1937) et Les Noyers de l’Altenburg (1943), il s’agit d’abord de définir un intellectuel engagé dont l’implication se lie avec cohérence à la critique, d’insister sur la responsabilité réciproque de l’action et de l’écriture et de montrer leur simultanéité et leur continuité. Par une lecture attentive des deux tomes autobiographiques du Miroir des Limbes, Antimémoires (1967) et La Corde et les souris (1976), il s’agit ensuite de comprendre comment, par le refus de l’aveu, de l’intimité et du privé, par l’autofiction, l’autoplagiat, la métamorphose de la matière vécue et l’invention d’un héros à l’image d’une collectivité utopique, par la retranscription d’innombrables conversations avec de petits et grands personnages, André Malraux imagine ce que devrait être la littérature engagée : musée imaginaire, lieu de discussion, participation à l’histoire, projet de société.