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Septembre 1792 : vingt-trois jours après l'émeute du 10 août qui a renservé le trône constitutionnel de Louis XV, des attroupements, plus ou moins incontrôlés, entreprennent de purger les prisons de Paris. Des simulacres de tribunaux populaires se forment. Les condamnés sont exécutés sur-le-champ, non sans quelques raffinements de cruauté, par des patriotes armés de sabres, de piques et de massues. En vingt-quatre heures, plus de 900 prisonniers sont immolés sur l'autel de la Révolution triomphante, et près de 400 autres au cours des quatre journées suivantes. 70 % des victimes étaient des détenus de droit commun. Les autorités politiques et municipales ont laissé faire. Longtemps enveloppés de brouillard par l'historiographie, les massacres de Septembre apparaissent aujourd'hui comme ce qu'ils ont été : un acte de violence totale, à la fois irrationnelle et stratégique. Loin d'être accidentelle, cette violence s'inscrit dans la logique profonde du phénomène révolutionnaire enclenché en 1789 : une logique de l'élimination. On ne saurait opérer un tri entre la gloire et l'ignominie. Comme le proclamait Clemenceau : La Révolution française est un bloc, un bloc dont on ne peut rien distraire, parce que la vérité historique ne le permet pas.