Seul de grenadier
Jawad est le fils cadet d'une famille chiite de Bagdad. Son père le prépare à exercer la même profession rituelle que lui - celle qui consiste à laver et préparer les morts avant leur enterrement -, mais Jawad s'y refuse et rêve de devenir sculpteur. Après des études d'arts plastiques à la fin des années 1980, au moment où Saddam Hussein est au faîte de sa puissance, il se retrouve peintre en bâtiment. À la mort de son père en 2003, alors que les bombes américaines s'abattent sur Bagdad et que les corps déchiquetés s'entassent, multipliés par les guerres confessionnelles, Jawad est de nouveau forcé, dans une douloureuse solitude, de renoncer à ses rêves d'artiste pour poursuivre la carrière de son père.
Dans ce magnifique roman récompensé du prix de la littérature arabe en 2017, Sinan Antoon ne se contente pas de restituer l'extrême violence que connaît l'Irak depuis sa longue guerre avec l'Iran. Il explore en fait, et de façon magistrale, le thème de l'imbrication de la vie et de la mort en une entité unique.