Les transformations que réclame notre époque, face à l'épuisement de notre système productif, aussi bien qu'à la désagrégation de la vie commune, ne sont pas uniquement d'ordre économique, social ou politique. Il en va d'abord de notre rapport au temps, de la dimension philosophique et morale de son usage.
La dépossession et l'oubli du temps, aussi bien existentiel qu'historique, qui caractérise notre époque, nécessitent de repenser notre « sens du temps », de déterminer les conditions de possibilité d'une construction apaisée et maîtrisée de la durée. En dépend notre capacité à vivre et à agir avec responsabilité à l'égard de la réalité présente autant que des générations futures.
C'est en interrogeant le paradoxe énoncé par Sénèque : « Seul le temps nous appartient », que Pierre Caye entend ici montrer le caractère fondamental de notre rapport au temps, repensé notamment à partir de la revalorisation du présent, d'un présent bien plus riche que ce qu'on dénonce aujourd'hui sous le terme de « présentisme » ; ce qui ne va pas sans une critique des grandes philosophies du temps qui ont inspiré et modelé le XXe siècle, le siècle même de la destruction créatrice.