Le présent ouvrage est un condensé d'une autobiographie, augmentée
d'informations ethnographiques et de nombreuses citations directes de
Sherungu, barde du pays nyanga (région de l'est du Congo). Le résultat
est unique en son genre, un alliage entre deux savoir-dire où ethnologue
et barde se relaient pour raconter un peuple en pleine mutation
à l'époque coloniale.
«En 1952, lors d'une visite chez les Nyanga, population vivant dans
les vastes forêts équatoriales de Walikale, j'ai pu admirer le talent d'un
certain Sherungu qui jouait de la cithare à deux cordes et qui chantait
en langue hunde. Au cours de sa performance, j'ai découvert en lui
un homme aux talents multiples : il était un interlocuteur tout à la fois
critique et de confiance qui savait commenter la vie quotidienne, assister
aux diverses enquêtes et participer aux danses et aux rites.»
Vers la fin de 1955, Sherungu rejoint l'auteur au centre Lwiro de
l'Institut pour la recherche scientifique en Afrique centrale, près de
Bukavu, afin qu'il raconte sa vie. Il a dicté ses mémoires à ses deux
assistants, Messieurs Kubuya et Tubi, deux jeunes nyanga formés à la
transcription, linguistiquement correcte, de textes oraux. Le fruit de
cette collaboration fut exceptionnel : l'autobiographie de Sherungu,
comprenant ses connaissances techniques et littéraires, couvre plus
de 2000 pages manuscrites.