L'histoire biblique est une épreuve pour la raison. Tout y paraît
contradictoire, incohérent, outrancier. Comment un Dieu éternel,
bon et miséricordieux, a-t-il créé un monde où tout périt ; un monde
de danger, de souffrance, où la fosse est, pour toute chair, l'issue
certaine.
L'esprit rationnel se défie de toute prétention à démontrer l'existence
d'une puissance surnaturelle. D'avance il subodore une mystification :
rien d'étonnant qu'une divinité qu'on ne voit pas soit un Dieu caché,
qui parle par bouche humaine, un Dieu jaloux, vengeur, qui profère,
comme les hommes, des menaces imprécatoires.
Or le chrétien qui s'adresse à ce même Dieu, apprend à reconnaître
le Dieu de la Bible dans le Christ, doux et humble de coeur, sorti de
Dieu, envoyé parmi les hommes ; Dieu caché dans son humanité
pour offrir sa vie en rançon et les sauver de la mort.
On montre ici pourquoi la proximité divine est devenue dangereuse
à partir du péché originel ; comment, renvoyé du jardin d'Eden avec
une sentence de mort, Adam a fait entrer dans le monde une mort que
[celui-ci] ne connaissait pas. Quelle est cette forme de mort qui oblige
la divinité à se cacher de sa créature et à la maintenir dans la crainte ?
Quel est le sens de cette parole du Christ : «Ne craignez rien de ceux
qui tuent le corps» ?