Ces trois nouvelles pièces courtes à lire et à jouer par
les jeunes ont été commandées par la Compagnie
du Réfectoire pour le projet «Si j'étais grand». Trois
auteurs phares du théâtre jeunesse ont creusé la
question des rêves et des utopies d'une enfance
d'aujourd'hui.
Dans L'Enfant de par là-bas, Jean-Pierre Cannet
raconte l'histoire de Polin qui, après la perte de ses
parents dans l'incendie de leur caravane, vit avec
ses deux grands-mères ; l'une lit l'avenir, l'autre est
funambule. Cet enfant du voyage ne veut ni être placé
en famille d'accueil, ni aller à l'école. Il s'enfuit. Cannet
livre un texte puissant qui transporte au-delà des
apparences et des préjugés.
Chez Bruno Castan, un petit groupe de jeunes gens
piopiotent tranquillement, adossés à un muret. Un
village ? Une rue ?
En tout cas, il ne se passe pas grand-chose, c'est La
Glume. On parle de tout, de rien. De la façon dont on
voudrait mourir. Comme l'utopie majeure ? Ça pourrait
être sombre, mais la verve désespérément optimiste
de Castan emporte le morceau.
Dans Deux Citrons, Philippe Dorin crée, comme
souvent et pour notre plaisir, des situations presque
immobiles dans lesquelles il instille un mouvement quasi
imperceptible et pourtant inexorable. À la manière
d'une ritournelle, ses personnages sont des enfants qui
jouent, des enfants qui jouent des rôles, des rôles de
théâtre, un théâtre dans le théâtre. En pointilliste, Dorin
propose une partition douce-amère, pleine de charme
et de tendresse.