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Le livre s’ouvre en 1960, à Mascara, petite ville des hauts-plateaux de l’Algérie française, avec l’inauguration d’un cinéma trop luxueux pour ce monde en sursis. Ce cinéma, le Vox, c’est le père du narrateur, Edmond, qui l’a bâti à grands renforts d’enthousiasme, de naïveté et d’illusion. On doit y projeter « Moby Dick », le film de John Huston – mais comment montrer la beauté sous un ciel voluptueux, quand la violence, la haine et la folie des hommes se déchaînent ? Ce soir de juin, qui devait être joyeux, a lieu un affreux massacre… À partir de cette scène primitive, tout se tisse dans ces pages d’allers-retours entre hier et aujourd’hui. Le narrateur nous guide dans son adolescence éperdue, dans un enfer ensoleillé, concentré d’aveuglements, d’injustice, de fausses allégresses et d’exil. Le père, magnifique et désespéré. La mère, silencieuse et protectrice. Le grand-père, légendaire légionnaire d’origine hollandaise. Tous prêts au départ vers la métropole. On croise aussi Camus, un certain Omar-Le-Fou, un pêcheur anti-franquiste. Sans oublier les photos du studio Harcourt, le bordel caché, et la guerre, toujours, partout…. Si le soleil s’en souvient n’est pas l’évocation du « paradis perdu », mais le roman de la jeunesse et de la nostalgie, entre bonheurs défunts, jouissances sensuelles, et découverte de la vie tragique. Jean-Paul Enthoven nous offre l’éducation sentimentale, érotique, littéraire, politique, d’un adolescent qui s’égare et se retrouve en parcourant le chemin qui le sépare de l’âge adulte...