Si rien avait une forme, ce serait cela
« " Si rien avait une forme, ce serait cela. " Découvrant cette phrase par laquelle Victor Hugo rapporte ce que lui révélait le télescope d'Arago, un soir de l'été 1834, j'y reconnus tout de suite l'objet de mes préoccupations.
Je n'en savais pas plus sinon mon impatience à voir surgir de la nuit de ce temps ce qui n'était pas encore. Là aussi l'exactitude de Victor Hugo était impressionnante : " Confusion dans le détail, diffusion dans l'ensemble ; c'était toute la quantité de contour et de relief qui peut s'ébaucher dans de la nuit. L'effet de profondeur et de perte du réel était terrible. Et cependant le réel était là. "
Victor Hugo observait-il ici une des montagnes de la Lune, le " Promontoire du songe ", qu'il nous ramenait au plus loin de tout système, c'est-à-dire au plus près de ce qui nous importe, très précisément là où se fomentent les rêves dont nous sommes faits.
Quant à la méthode pour s'en approcher, il la fallait indissociable d'un objet qui n'existe qu'à se déplacer d'une interrogation formulée dans un domaine à sa réponse trouvée dans un tout autre domaine, peut-être même des siècles après. Sur ce point encore, je décidai de m'en tenir à la recommandation de Victor Hugo : " Allez au-delà, extravaguez. "
Je n'ai prétendu à rien d'autre. »