Le parolier : Revenons au Ladies' Store, la fameuse, la célèbre, la magnifique boutique de vente de pagnes de Da Dina où nous accueillons, ce soir, celui qui non seulement a le bonheur de partager la vie de cette grande Nana Benz, mais est aussi connu pour être notre candidat à l'indépendance totale et immédiate du Togo : Sylvanus Olympio !
Sylvanus Olympio : Quand, Da Dina, ma chérie, m'a confié qu'elle allait organiser ce soir un défilé, je lui ai dit que c'est sa deuxième meilleure décision, depuis que je la connais. La première est, bien sûr, de m'avoir épousé. Ce défilé est une vibrante réponse à l'administration coloniale qui entend nous interdire de porter nos pagnes, elle entend nous civiliser, nous faire quitter nos traditions. Nous n'irons pas jusqu'à lui répondre que nous avons « l'impression d'être ridicules, dans leurs souliers, dans leurs smokings, dans leurs plastrons, dans leurs faux-cols, dans leurs monocles, dans leurs melons », nous sommes assez ouverts d'esprit pour apprécier leurs vêtements ; qu'ils apprécient les nôtres.
Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? La nuit est longue mais le jour vient !
Il est à la porte, ce jour où nous serons de nouveau ici chez nous !
Le pagne ou le wax est très ancré dans la tradition de l'Afrique de l'Ouest. Pourtant, né en Indonésie, il a d'abord fait la fortune d'industriels hollandais avant de devenir une source de richesse des Nana Benz qui le commercialisent avec succès du Togo à d'autres pays africains.
Car bien plus qu'une pièce d'habillement, ces pagnes véhiculent des messages sociétaux à travers leurs motifs colorés : « Si tu sors, je sors », « L'oeil de ma rivale », « Thomas Sankara »... autant d'affirmations politiques et identitaires.
Gustave Akakpo et Marc Agbédjidji s'emparent de cette tradition pour parler de l'Histoire du Togo, de son peuple, de ses dirigeants, de sa relation à l'Occident et, au-delà, des dialogues de civilisations.