Rares sont les régions du monde qui ont connu une histoire aussi dense et mouvementée que la Sicile. La plus grande île de la Méditerranée, carrefour de races, de cultures et de traditions, a vu se succéder périodes de splendeur et de liberté, de domination et de révoltes. Ce riche héritage explique sans doute le fort attachement qui lie les Siciliens à leur terre, sentiment à l'origine de ce que l'on pourrait qualifier de «sicilianité».
Il existe deux moyens pour aborder et comprendre cette sicilianité : le verbe et l'image. La Sicile a en effet donné naissance à des auteurs incontournables de la littérature italienne. De Pirandello à Sciascia et Lampedusa, chacun, à sa manière, a su exprimer sa passion - totale ou inquiète - pour son île. Quant à l'image, elle permet de saisir encore plus spontanément que les mots l'esprit de la Sicile et de ses habitants. Car les traces du passé sont partout présentes, des gravures préhistoriques couvrant les parois des grottes de l'Addaura aux stucs de Giacomo Serpotta, éblouissants ornements des églises baroques, en passant par les vestiges imposants des temples et des théâtres grecs comme à Agrigente et Taormina, les mosaïques romaines de Piazza Armerina ou encore l'architecture arabo-normande de la cathédrale de Monreale ou de la chapelle palatine de Roger II à Palerme.
Après une introduction d'Enzo Russo, journaliste et essayiste sicilien de renom, place est laissée aux somptueuses photographies de Melo Minnella, lui aussi sicilien, soutenues par un texte de Giovanni Francesio. Celui-ci dévoile chronologiquement les chefs-d'œuvre de l'île construits par les Phéniciens, les Grecs, les Byzantins, les Arabes, les Normands, les Espagnols, sans oublier les barons siciliens, flamboyants «guépards» immortalisés par Giuseppe Tomasi di Lampedusa.