L'Europe des cultures est le produit de diverses traditions qui, à un moment donné de l'Histoire, se sont fondues dans un unique creuset. Et si l'on veut comprendre cette Europe, il est bon de rechercher les traditions qui l'ont nourrie.
Celles qui viennent de Germanie et de Scandinavie ne sont pas moins importantes que la tradition des peuples celtes, ou encore des Grecs et des Latins; et la légende de Siegfried, magnifiée de façon si imposante par Richard Wagner dans sa Tétralogie, est certainement la plus remarquable des anciennes épopées venues du Nord. C'est une sorte de parallèle à l'épopée celtique du Graal et des chevaliers de la Table ronde. L'or du Rhin, ce mythique trésor, et sa pièce maîtresse, l'anneau du Nibelung, sont en effet les équivalents de la coupe du Graal. Certes, l'épopée de Siegfried est le reflet d'un univers germanique et scandinave, mais ses origines sont plus larges, plus universelles et relèvent d'un fonds commun où l'on retrouve les destins de Tristan, de Parsifal ou de Lancelot du Lac.
C'est pourquoi cet ouvrage tente de reconstituer la trame primitive de la légende, non seulement par des commentaires historiques, mais aussi par de passionnants récits qui nous font découvrir les ancêtres du héros, sa naissance, son initiation, ses amours successives et sa fin tragique. Et cela dans un environnement fantastique où le dieu Odin-Wotan, le dragon Fafnir, les nains Andvari et Alberich, le peuple mystérieux des Nibelungen se meuvent au sein du plus noir des univers mythologiques, celui des peuples des forêts brumeuses du Septentrion.