Sirènes romanes en Poitou, XI-XIIe siècles
Avatars sculptés d'une figure mythique
« On ne tue pas une forme symbolique, on traque ses métamorphoses. » Cette étude a pour source les trophées d'une chasse aux sirènes menée sur le territoire du Poitou médiéval. Près de vingt siècles après l'Odyssée, la réinterprétation de la figure de la sirène dans l'art roman témoigne de l'errance d'un mythe. L'étude de trente-sept de ses avatars, essaimés dans les églises romanes du Poitou, permet d'évaluer l'empreinte dans la mémoire chrétienne d'une tradition iconographique séculaire. Un premier indice est apporté par le dédoublement de cette tradition entre imagerie classique et apocryphe : à l'époque médiévale, en effet, certaines sirènes sont de plumes quand d'autres sont d'écailles.
En s'aventurant depuis le commentaire iconographique jusqu'à l'interprétation iconologique, les secrets de l'hybride se dévoilent sous l'écorce des pierre. À la fois petite-fille des sirènes homériques et aïeule de Mélusine, la sirène romane apparaît en définitive comme un symptôme des conflits idéologiques entre christianisme et paganisme.