Bien des opportunités et des tensions se font ressentir sur le plan existentiel depuis que les technologies numériques ont investi nos vies. Nous évoluons, en effet, dans un monde de fluidité télé-communicationnelle, d'accès à l'information et de libération de la parole, tandis que des régimes de captation de l'attention et de surveillance s'accentuent toujours davantage. Interroger - d'un point de vue à la fois sociologique et philosophique - ce que la métamorphose numérique fait à la coexistence nécessite donc de se tenir au plus près des ambivalences qui lui sont inhérentes ; ceci afin de mieux cerner des conditions de possibilité d'un déploiement des technologies numériques qui soit éthiquement plus soutenable qu'il ne l'est aujourd'hui.
Un enjeu important qui ressort de cet ouvrage est l'ambition d'affirmer un attachement à certaines valeurs éthiques - telles que le libre-arbitre, la responsabilité ou l'autonomie - en les comprenant, non plus comme des principes abstraits, mais comme des expériences existentielles à part entière, engageant un pluralisme de compétences et de pratiques techniques, scientifiques ou artistiques. Il s'agit par-là d'ouvrir la voie d'une socio-philosophie des temps hypermodernes, au sein desquels nous devons impérativement apprendre à mieux vivre.
En postface : un entretien avec Andrew Feenberg, titulaire de la Chaire de recherche canadienne en philosophie de la technique à la Simon Fraser University de Vancouver (Canada).