Sociolinguistique
Un demi-siècle après la coupure saussurienne, la linguistique paraissait dans une impasse, coincée qu'elle était entre le bureau où s'élabore la théorie, mais où les faits empiriques ne pénétraient pas, ou bien distordus par le déplacement, et le terrain où se recueillent les données de l'observation, mais où la théorie restait distante, ignorée ou, au mieux, sans liens organiques avec l'activité en cours.
L'un des premiers, Labov sort de cette impasse : il fait la jonction entre une pratique scientifiquement fondée de l'enquête sur la langue telle qu'elle s'emploie, et la théorie actuellement la plus puissante, la grammaire générative.
Ce faisant, il poursuit un double but : introduire les mouvances et les conflits de la réalité sociale au sein d'un édifice conceptuel menacé d'abstraction ; ordonner et éclairer cette réalité sociolinguistique multiple et d'abord insaisissable au moyen d'une théorie « qui marche » et s'en trouve confirmée et enrichie.