Cet essai a pour ambition d’édifier une sociologie de la traduction à partir des idées de Pierre Bourdieu sur la sociologie de la culture. Est analysée la science-fiction telle qu’elle s’est implantée en France dans les années 1950 par l’action des agents Boris Vian, Raymond Queneau et Michel Pilotin. Issue du courant américain des années 1920, la science-fiction est en elle-même un phénomène de traduction, ayant émergé sous l’impulsion du Luxembourgeois Hugo Gernsback du terreau de Jules Verne et accessoirement H. G. Wells et Edgar Poe. La réception d’H. G. Wells au Mercure de France et dans la NRF (avant la première guerre mondiale) est d’abord présentée, ainsi que des tentatives sans lendemains avant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, est étudiée dans le détail la grande tradition de la science-fiction qui, par la traduction, a pris racine durablement dans la France de l’après-Guerre : la traduction et ses agents, la traduction au Rayon Fantastique (Hachette-Gallimard), Boris Vian traducteur d’Alfred E. van Vogt, la traduction de l’onomastique dans la revue Galaxie. Enfin, en conclusion, l’auteur procède à un exercice de double réflexivité traductologique. L’essai se clôt sur des annexes qui fournissent des bibliographies de traducteurs (livres traduits).