Brothers in crime est à la fois le premier ouvrage de Wolfgang Pohrt publié
en France et l'un de ses plus théoriques. L'auteur y décrit le système
capitaliste comme un processus de dissolution de la société conduisant
au crime organisé. Du monde politique à celui de la culture, puisant
ses valeurs et ses modes de pensée dans l'individualisme moderne, le
crime institutionnalisé sous toutes ses formes - groupes, cliques, bandes,
rackets et gangs reflets de l'être humain à l'époque de son inutilité (sous-titre
original) - impose désormais ses méthodes. Et c'est sur les débris
d'une société où la destruction des services publics vient parachever la
dislocation de l'intérêt commun que se forment des bandes d'individus
en quête de reconnaissance.
L'ouvrage ne cherche pas pour autant à analyser le système mafieux
traditionnel ou l'affairisme politique. Il ne vise pas non plus à décrire
les phénomènes de gangs (de cités, de guérillas...). Sa force critique est
de tenter de comprendre ce qui relie ces groupes entre eux et d'en dénoncer
à la fois l'origine et la finalité. Comme système d'appropriation,
d'accumulation et de domination, marchande et politique, le capitalisme
est à ne pas s'y tromper le moment fondateur de l'éclatement de
l'idée même de l'intérêt commun, de la lutte de tous contre tous, nous
dit Wolfgang Pohrt.