Soliloques
Sur les rives du Danube, au cours d'une de ses expéditions contre les peuplades qui assiègent son empire, Marc Aurèle rédige l'ordre du jour qu'il s'intime à lui-même, composant ainsi, à l'aube du grand affrontement entre le polythéisme païen et les monothéismes juif et chrétien, ce bréviaire personnel de morale. L'empereur Marc Aurèle fut le dernier des grands stoïciens. En effet, après le temps des philosophes vint celui des martyrs, qui furent les premiers témoins d'une foi nouvelle, mais aussi les derniers vrais « chrétiens ». La morale de Marc Aurèle, délivrée de tout enthousiasme fanatique, nous parvient comme le fruit d'une passion non feinte au service du bien public. Dans ses Soliloques, on découvre que la « piété » n'était pas un vain mot pour ce moraliste païen, lucide et sincère, qui écrivait, pour sa propre gouverne : « Ce qui n'est pas utile à la ruche n'est pas non plus utile à l'abeille. »