«La solitude m'a toujours accompagnée, de près ou de loin, comme elle accompagne tous ceux qui, seuls, tentent de voir et d'entendre, là où d'aucuns ne font que regarder et écouter. Amie inestimable, ennemie mortelle - solitude qui ressource, solitude qui détruit, elle nous pousse à atteindre et à dépasser nos limites.»
Placé sous le signe de l'Adagio du Quintette opus 163 de Schubert, Solitude est une variation sur ce thème majeur de l'œuvre de Françoise Dolto. Deux fils tressent, en se croisant, ce texte : d'une part, des monologues de l'auteur sur la solitude datant de 1975 : d'autre part, une conversation libre à plusieurs voix concertantes avec son entourage, alors qu'en 1985 elle s'est retirée à La Soledad, la maison familiale d'Antibes, après la disparition de Boris Dolto.
La solitude caractérise le petit humain dès la naissance et le place dès lors dans une dépendance radicale à Autrui. Se référant constamment à ses rencontres cliniques et aux faits de sa vie privée, Françoise Dolto déploie une grande fresque de l'histoire du sujet, de l'origine à la fin. La plupart des grands thèmes de son œuvre y sont présents, avec des variations sensibles de ton et de temps, car ce livre polyphonique traverse plus de vingt ans de sa recherche.