Il existe un ange au chevet de la cathédrale d'Amiens qu'on vient de très loin pour voir. Il se nomme « l'ange pleureur ». Ailes repliées, visage penché, cet ange pleure. C'est un ange sulpicien, dû au ciseau de Nicolas Blasset. L'ange de Marie Etienne, quant à lui, est un ange « rêveur ». Comme le dit joliment Marie, il rêve à l'infinitif, il rêve infinitivement. C'est un ange d'après Sigmund Freud, spectateur de scènes où se mêlent épouvante, invraisemblance, sexualité et visions incestueuses, avec une drôlerie qui touche parfois à la pure et simple effronterie. Nous entrons ici, bien au-delà d'Henri Michaux, dans le territoire décomplexé du rêve féminin.
Jacques Darras