Sonnenschein
Haya Tedeschi, une jeune femme d'origine juive dont les parents se sont
convertis au catholicisme, travaille comme vendeuse dans un tabac. Quand
la guerre touche Gorizia, cette ville frontalière italo-slovène récemment
intégrée dans une nouvelle province allemande, elle rencontre l'officier
Kurt Franz. Haya ne demande pas d'où il vient ni pourquoi il a été muté
dans la région adriatique : elle est impressionnée par ce bel homme grand
et blond, et en tombe amoureuse. C'est donc avec Kurt Franz, ancien
commandant du camp de Treblinka, qu'elle aura un enfant, Antonio. Mais
au bout de quelques mois, Antonio est enlevé : il fait partie du projet nazi
Lebensborn...
Après la guerre, Haya devient professeur de mathématiques et refuse
d'abdiquer. Elle veut retrouver son fils, mais elle veut aussi savoir ce qui
s'est passé pendant la guerre dans cette région un peu négligée par les
historiens. Elle rassemble un nombre impressionnant de documents qui
sont intégrés dans le récit de sa propre histoire. Ainsi, le roman de Da(...)a
Drndi(...) procède par collage entre des faits historiques et le récit fictionnel
de Haya Tedeschi, afin de confronter l'histoire collective refoulée ou
oubliée au prisme de l'individu souffrant. Sonnenschein ne nous offre ni
héros ni rédemption, mais plutôt l'addition bouleversante de micro-récits
concernant tant de destins individuels broyés par la lâcheté de la majorité
silencieuse autant que par la violence des meurtriers. Da(...)a Drndi(...) a réussi
un grand roman sur les conséquences du mal plutôt que sur sa prétendue
banalité.