Ce livre trouve son origine dans une expérience que j'ai vécue au début de mon premier séjour chez les Maka de l'est du Cameroun, en 1971. Une nuit, ma voiture tomba en panne, et je me trouvai en pleine forêt dans le noir, avec Meké, mon nouvel assistant, qui devait jouer un rôle de premier plan dans mes recherches. La situation me paraissait assez pénible. Mais Meké avait, pour sa part, de tout autres préoccupations. Il m'affirma, d'un ton excité : " Ah ! si Mendouga était avec nous ! Nous sommes des innocents. Mais elle verrait les sorciers qui rôdent dans la nuit. Elle a le pouvoir : elle peut voir ce qu'ils couvent. "
Pour les Maka, il n'est guère possible de parler du pouvoir sans se référer aux forces occultes du djambe (la " sorcellerie "). Cela vaut pour la politique locale, mais aussi pour les relations " modernes " avec l'Etat et la politique nationale.
Le but de ce livre est d'explorer, en partant de quelques exemples camerounais, comment cette " modernité " de la sorcellerie - sa permanence dans des contextes nouveaux - marque les développements politiques de l'Afrique contemporaine.