Le palindrome le plus long de la littérature française. Il y a dans ce livre deux parties simplement alternées. Il pourrait presque sembler qu’elles n’ont rien en commun, mais elles sont pourtant inextricablement enchevêtrées. Aucune des deux ne peut exister seule. Et pour cause : la seconde n’est autre chose que la lecture inversée des lettres de la première. Autrement dit, Sorel Éros est un palindrome : les personnages qui l’habitent se croisent, errent mais dans une direction précise, dans le carcan des mots… Au centre de l’ouvrage, le détail d’un tableau, les doigts de la main droite d’Agnès Sorel, figure un W. C’est la lettre-pivot, celle qui annonce le renversement du texte mais qui n’apparaît pourtant nulle part, sauf par évocations. C’est aussi le W cher à Georges Perec. S’instaurent ainsi un jeu et un dialogue avec le lecteur qui, aux aguets, se piquera de lire entre les lignes, et de reconnaître les références littéraires disséminées dans l’opus… En 1969, Georges Perec réalise le plus long palindrome de la langue française avec 5 566 lettres. En février 2002 (précisément le 20/02/2002…), Jacques Perry-Salkow et Frédéric Schmitter se lancent le défi fou de le surpasser. Il aura fallu quinze ans aux deux auteurs pour mener leur barque à bon port : Sorel Éros compte 10 001 lettres, un record éditorial.