Dans le parc d'Ueno, un homme âgé s'est installé. Après
une vie de labeur passée loin des siens, il imaginait une
retraite paisible, en famille.
Mais la vie en a décidé autrement. Après la mort de
sa femme, il n'a pas la force de rester dans leur maison
et préfère revenir se perdre dans l'anonymat de Tokyo.
Sous les arbres, il se construit une cabane de bâches et de
planches, affrontant ainsi le temps et les saisons. Posant
son regard paisible sur les promeneurs, tendant l'oreille
aux commentaires des visiteurs du musée attenant au
jardin, aux chants des oiseaux comme aux mots insolites
de ses compagnons de misère, le vieil homme vaque en
silence aux abords de l'étang ou s'avance dans le hall
de la gare, là où l'espace fourmille encore d'urgences et
d'horaires, il se souvient.
Dans le parc d'Ueno, le vieillard écoute la beauté et la
misère mêlées. Mais les opérations spéciales de nettoyage
sont de plus en plus nombreuses en ces lieux, épreuves
chaque fois plus traumatisantes pour les sans-logis car il
leur faut fuir, sans délai déconstruire leurs baraquements,
effacer toute trace de leur dérive.
Au passage de l'empereur, comme aux yeux du monde
à l'approche des Jeux olympiques de 2020, il s'agit là de
ne pas dénaturer l'image de Tokyo.