Sortir de la guerre : tumultes, chaos et mises en cause
Le 20 août 1944, le département des Hautes-Pyrénées est libéré. Le 23 août, le préfet nommé par le gouvernement provisoire présidé par de Gaulle arrive à Tarbes. Pour autant la guerre n'est pas terminée et, après les manifestations de joie qui s'expriment lors des fêtes de la Libération, les soucis du quotidien prennent durablement le dessus.
Non seulement les pénuries ne disparaissent pas avec le repli de l'occupant, mais le ravitaillement devient le souci constant des « ménagères ». A cette préoccupation lancinante s'ajoute le désir, parfois pulsionnel, de « punir les traîtres », en particulier collaborateurs, délateurs et miliciens. Mais si les exécutions sont conçues comme des actes de guerre jusqu'à la Libération, elles deviennent, dès que les nouvelles autorités se mettent en place, des actes criminels passibles des tribunaux.
La presse nationale s'empare du sujet, évoquant les « tueurs de Tarbes », leur attribuant, après la Libération, un certain nombre de crimes imaginaires. Mais, pendant toutes les années de la sortie de guerre, que l'on peut prolonger jusqu'au début des années 50, les Hautes-Pyrénées sont secouées par une longue série d'attentats à la bombe et affectées par la permanence de graves pénuries alimentaires. Les milieux résistants qui ambitionnaient de renouveler la vie sociale de la nation sont écartés, pendant que les enjeux de mémoires sont instrumentalisés par les partis politiques, en particulier par la mouvance communiste qui entend se prévaloir du rôle joué dans la Résistance.
Les Hautes-Pyrénées, grâce à un travail d'archives méticuleux, apparaissent comme un exemple transposable à l'échelle nationale par de multiples aspects.