Contre-texte de la chanson courtoise des trouvères, la «sotte
chanson contre Amours» est un genre parodique qui vise à subvertir
le Grand Chant tout en le célébrant. Sa spécificité naît de
la réflexion (à tous les sens du terme) menée par les mots sur une
tradition dont la raillerie ne laisse jamais oublier la valeur.
Tirées pour la plupart d'un chansonnier de provenance lorraine
copié aux alentours de 1310 et d'une petite anthologie de
chansons présentées au Puy de Valenciennes au dernier quart du
XIIIe siècle ou au début du XIVe, les pièces que nous rassemblons
ici se caractérisent par la distorsion, l'inversion et la dérision du
système dominant ; elles séduiront tous ceux qui s'intéressent à
la parodie, au burlesque, à l'obscénité, au non-sens et au réalisme
au sein de la lyrique française du Moyen Âge.
Souhaitant apporter un éclairage neuf sur le rire chez les trouvères,
nous mettons ce corpus à la portée des lecteurs modernes
en offrant une édition critique rigoureuse assortie d'une traduction
en français moderne et d'une riche introduction qui met en
relief les moyens de la parodie dans la sotte chanson aussi bien
que le contexte culturel où celle-ci vit le jour.