Il en est de ce texte comme de ce qui finit par éclore
un jour, plus ou moins longtemps après un incendie
de forêt, des profondeurs du sol calciné. Ce projet a
ceci de particulièrement impressionnant et de presque
énigmatique : la réflexion sur l'expérience de l'écriture, sa
finalité, ses moyens, ses limites, s'appuie implicitement sur
ce qui n'a plus d'existence concrète mais n'en continue pas
moins de veiller, virtuellement, dans les replis incertains de
la mémoire. Quelque chose a été perdu mais continue de
subsister, avec la force d'une injonction, dans ce qui reste
de souvenir. La présence n'est plus la présence puisque la
matérialité lui fait défaut. Mais l'absence n'est pas tout à fait
l'absence puisque, dans les intermittences du souvenir, le
passé s'éternise.
Claude Louis-Combet,
extrait de la postface.