Sous la Parole
« Beaucoup ont entrepris de composer un récit... » Ces premiers mots de saint Luc, qui forment le porche du troisième évangile, expriment d'emblée la puissance inspiratrice de la vie et des paroles du Christ Jésus. Et l'on constate combien la probité de l'évangéliste est grande, quand il rappelle sans différer que ce récit s'appuie sur ceux qui « furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole » (Lc 1,2). Mais, établissant la chaîne de transmission du témoignage, ne propose-t-il pas, bien plus, à son interlocuteur, cet « excellent Théophile », de prendre conscience de toute la puissance intrinsèque de cette Parole ? Or ils sont nombreux ces Théophile auprès desquels le prédicateur est amené à commenter « la solidité des enseignements (qu'ils ont) entendus » (Lc 1,4). À chacun d'eux, il est proposé ici de se placer « sous la Parole », pour mieux laisser, à nouveaux frais, le Verbe incarné s'adresser à tous.
La seule ambition de ce recueil de commentaires de textes de l'Évangile selon saint Luc est de proposer à chacun d'acquérir une plus grande familiarité personnelle avec la Parole de Dieu. La préoccupation du prédicateur ne peut d'ailleurs résider que dans cette mise en relation, comme un cuisinier se met on ne peut mieux au service de ses convives en laissant s'exprimer pleinement les saveurs qu'il a travaillées. Ce travail de passeur, de témoin, est celui du disciple, de l'évangéliste, de tout homme ou de toute femme de bonne volonté qui établit dans sa vie une unité entre la Parole reçue, la Parole exprimée, la Parole vécue. C'est de cette façon qu'advient, aujourd'hui comme hier, une Parole, le Christ Jésus.