« Personne ne sera oublié. Pas d'inquiétude. Pleurez tranquilles portez le deuil sans vous soucier du reste. On s'occupe de tout et on va essayer de donner un sens à tout ça. On va vous faire de beaux monuments devant lesquels vous pourrez venir regretter votre mari, votre frère, votre père, votre fils, votre neveu, votre cousin. On va vous montrer que tout ça n'a pas été vain et inutile. Qu'on avait besoin de leur sacrifice. Qu'on peut justifier la mort de vos pères, fils, maris, frères et de tous les autres. Et si on ne sait pas de quoi ils sont morts, on va vous dire pour qui ils sont morts : pour la France. Et la France, mesdames, mesdemoiselles, mes enfants, mes petits orphelins, vaut bien le sacrifice d'un million trois cent mille hommes. »
Inspiré par les noms gravés sur des monuments aux morts de la région d'Aix-en-Provence, Jean-Baptiste Gendarme évoque la Première Guerre mondiale à partir d'un impressionnant travail sur les archives et les journaux de bataille. Il retrace les dernières heures des soldats, livrant dans une écriture contemporaine les stratégies militaires, le récit des combats et les destins individuels.
En écho, le photographe Olivier Placet replace les monuments aux morts, ces gestes de mémoire dont nous avions fini par oublier jusqu'à la présence, dans les décors vivants de notre XXIe siècle.