Ce que le temps porte en lui, ce n'est au fond qu'un peu de jour qui fait naissance et par lequel nos yeux résistent à l'effroi de l'oubli et à l'indifférence des années.
C'est ainsi qu'à la première page du recueil, le fils s'adresse à sa mère défunte. Léon Bralda nous livre ici un texte intime, d'une évidente tristesse mais plein aussi de cette voix qui porte aux confins des jeunes années, en cette terre du sud qui l'aura vu grandir :
Ils ne sont plus ! Silhouettes anonymes dans l'inexact matin, nous accueillons visages sous la dictée des mots. Paroles retournées dans la saison du Vivre, le vent tricote un peu d'espoir aux épaules du monde, dessine un ciel de traîne pardessus l'étendue où chante un dieu croyant.
Nous demeurons ce temps qui grince aux grilles du jardin : frêles enfants rieurs qu'un chat noir effrayait à l'heure des légendes. Nous guettons l'autre qui passe encore, cet autre marchant infiniment dans le secret de nos matins... Ô chant terrestre, derrière les hautes tours, il nous faut dérober l'indicible pour croire ! Attendre que cela vibre, densifie la parole, s'irradie jusqu'au silence, pousse au plus près du coeur qui bat !