Jeune instituteur sur les barricades en juin 1848, premier
président élu de la Commune de Paris en mars 1871,
la trajectoire révolutionnaire de Lefrançais est fulgurante.
Dans ces Souvenirs, on le suit de prisons en exils,
de meetings en batailles sanglantes, on participe à ses
enthousiasmes, à ses détestations. Souvent drôle, toujours
modeste, toujours clairvoyant, Lefrançais est un
étonnant mémorialiste. Communiste, il n'a que mépris
pour les socialistes à la Louis Blanc. Libertaire, il fait
partie de la minorité de la Commune, opposée aux tendances
autoritaires d'une majorité jacobine-blanquiste.
Élu député du IVe arrondissement, il manque démissionner
(«Je ne reconnaîtrai jamais aucune validité au
suffrage universel, tant qu'il se manifestera au moyen
d'un scrutin secret»).
Lefrançais est notre ami, notre contemporain. Comme
l'écrit Daniel Bensaïd dans sa présentation, «On est à
mille lieux de la République prêtre, de la République
pionne, de la République d'ordre, disciplinaire et inégalitaire
; à mille lieux d'une gauche servile aux possédants,
de ses reniements et de ses renégations ; de ses révérences
et de ses génuflexions. Avec Lefrançais, on est en
bonne compagnie.»