Souveraineté, droit et gouvernementalité
Que faire de la souveraineté, d'une idée de la souveraineté qui semble sortir plus dense de toutes nos tentatives pour nous en débarrasser ? Ne devons-nous pas plutôt l'effriter de l'intérieur, depuis son caractère absolu, exclusif, purement théorique, depuis son indifférence, depuis sa suffisance, pour comprendre qu'elle se joue en fait toujours dans le repli et la négation, qu'elle est d'abord un signe de faiblesse.
L'analyse de la construction du principe de souveraineté et de sa mise au centre du politique à l'aube des Temps Modernes nous montre en effet une souveraineté essentiellement inquiète d'elle-même et n'ayant de sens que dans cette inquiétude, dans le projet de signifier, à l'encontre de Machiavel, que le politique peut être à l'abri de la variation et de la division. Cette souveraineté-là, dont on peut suivre pas à pas la construction dans les textes de Bodin, se révèle avant tout dans les relations de manque et de repli qu'elle doit entretenir avec le droit et le gouvernement.
Non & Non
Un « non » ne vient jamais seul, ne unum, pas un. Il se répète, tautologie enfantine du refus radical : « non et non ! » Il se redouble, énergie de la contradiction dialectique, négation de la négation : « non et non ! » Il se différencie : « il y a non et non ! », jugement négatif, rejet, dénégation, forclusion... Indomptable, impatient, irréductible, refusant d'être identifié à l'insuffisance ou au déficit, le non, toujours autre à lui-même, premier et deuxième, réfractaire et impératif, est l'origine & l'avenir de la philosophie. Penser, c'est dire non. Deux fois. Une fois pour rien, l'autre fois pour toutes.
Reconnaître sous un jour nouveau le travail du négatif, son énergie, ses structures. Interroger ses formes. Remettre ses écarts en mouvement. Ouvrir enfin, à la négativité, sa propre collection : « Non et Non ».